Lors de notre dernière Underground Session, Le Régal, nous avons eu la chance de découvrir un produit artisanal français de qualité : le cidre Sassy. Nous rencontrons aujourd’hui Pierre-Emmanuel, l’un des deux fondateurs de la marque, qui revient pour nous sur l’histoire de ce beau projet et sur la stratégie innovante adoptée par la marque.
Quelle est votre histoire ? Pourquoi le cidre ?
Xavier et moi sommes amis depuis l’enfance : nous avons grandi en Normandie et le cidre fait partie de notre histoire. La famille de Xavier possède un château, le château de Sassy, et produit du cidre depuis toujours. Plus jeunes, nous allions parfois nous servir directement dans leur cave… et le goût du cidre ne nous a pas quitté. Après avoir étudié et travaillé à l’étranger – Irlande, Angleterre – nous avons eu envie de réveiller le marché du cidre en France. Quand on voit que les Britanniques en consomment 1,2 milliards de litres par an pour 100 millions en France, on se dit qu’il y a de la place pour un nouveau cidre de qualité au design épuré.
En quoi votre produit est-il différent ?
En France, le cidre souffre parfois d’une image un peu vieillotte : c’est l’alcool qu’on peut boire le dimanche chez ses grands-parents (même si nous n’avons rien contre ça) ou celui qu’on ne peut associer qu’à des crêpes. C’est dommage, nous pensons vraiment que le cidre peut être bien plus que ça. Pour le moment, nous proposons trois produits différents : l’inimitable (notre classique), la sulfureuse (un cidre naturellement rosé aux notes plus sucrées) et le vertueux (un cidre poiré plein de fraîcheur). Nous avons travaillé pendant un an et demi avec un maître de chai pour retravailler la recette traditionnelle du château de Sassy et n’utilisons qu’avec des pommes normandes sélectionnées avec soin. Enfin, nous pensons que le design est essentiel et avons voulu moderniser la traditionnelle bouteille de cidre en verre et proposer un format plus adapté aux verres entre amis.
Quelle démarche de commercialisation adoptez-vous ?
Nous voulions vraiment changer l’image du cidre et adapter des codes de communication modernes : réseaux sociaux, partenariats lors d’événements, etc. De la mode à l’art ou à la musique, nous essayons de diversifier notre approche et de donner plus de visibilité à notre produit. Un exemple ? Aujourd’hui, Karl Lagerfeld propose du cidre Sassy lors de ses évènements. Nous travaillons aussi beaucoup sur les offres illimitées ou sur des collaborations avec des artistes. En ce moment, nous proposons par exemple la bouteille Paulette x Sassy, vendue en exclusivité chez Colette et sur leur e-shop.
Nous cherchons aussi à célébrer l’association cidre/mets et collaborons avec des chefs renommés comme avec Alexandre Gauthier du restaurant La grenouillère, Ducasse, Robuchon, etc. Et nous sommes aussi fiers de nous associer à des mixologistes renommés – Sullivan au Syndicat ou Javier au Sherry Butt – qui s’approprient nos produits pour les accorder à des ingrédients de qualité et proposer des cocktails à tomber.
Qu’en est-il du futur ? Pouvez-vous nous parler de vos prochains projets ?
Il est encore un peu tôt pour parler de tout ça, mais oui, on a plein de projets. Déjà, nous voulons étendre notre gamme de produits et renouveler notre concept d’édition limitée avec des artistes que nous apprécions. Nous travaillons, notamment, avec des personnes reconnues dans le monde du vin et des spiritueux afin de développer des cidres exceptionnels ; nous pensons au crowdfunding, à l’ouverture éventuelle d’un point de vente… Nous sommes aussi en train de prendre nos marques à Londres, où le cidre rencontre déjà un énorme succès. Nous adoptons la même stratégie top-down qu’en France : séduire des restaurants, marques ou établissements de qualité pour faire parler de nous et atteindre ensuite un public plus large. Une chose est sûre, le cidre Sassy n’a pas dit son dernier mot.
Pour aller plus loin
Les dessous du Régal
Renouveau de la scène culinaire : les supper clubs