Difficile d’imaginer une Écossaise un poil rebelle derrière les vitrines de Louis Vuitton. C’est pourtant bien à Faye Mcleod que la marque a choisi de faire confiance… et elle a eu raison. Faye est directrice de la création visuelle de LVMH et à l’origine de certaines de ses vitrines les plus spectaculaires. Ses créations ont donné envie aux passants les plus pressés de faire une pause, été partagées des millions de fois sur les réseaux sociaux et mises à l’honneur dans un livre d’Assouline, la maison d’édition spécialisée dans le luxe. Vous vous en doutez, une femme qui doit organiser le remplacement des vitrines de 450 boutiques, cinq fois par an, n’a pas de temps à perdre. Nous avons réussi à voler quelques minutes de son temps pour une interview express pour découvrir les dessous de certaines des vitrines les plus mémorables du monde.
Qu’est-ce que vous préférez dans votre poste chez Louis Vuitton ?
Travailler dans le studio avec mon équipe
Racontez-nous comment tout a commencé – quelle première vitrine avez-vous conçu pour la marque ?
On m’a contactée pour ce poste et je suis allée au bout du processus de recrutement. Après environ deux mois d’entretiens, j’ai fini par décrocher le rôle ; ça m’a vraiment étonnée parce que j’ai un côté assez rebelle. Pour notre première vitrine on s’est attaqué à la nouvelle boutique de New Bond Street qui a ouvert à Londres en 2010. C’était un cabinet de curiosités, avec une girafe et des créatures créées à partir de pièces de LV, de nombreux sacs d’archives et du prêt-à-porter de Marc Jacobs et Louis Vuitton. On s’est vraiment beaucoup amusé à créer cet ensemble éclectique : on savait que le public londonien y serait sensible.
Vos vitrines préférées depuis ?
Yayoi Kunama, Frank Ghery, Daniel Buren, Jake et Dinos Chapman, les dinosaures, l’autruche et les Maîtres (celle du moment). Mais la vitrine qu’on prépare pour Noël prochain devrait être la meilleure de toutes…
Est-ce que le rôle des vitrines a changé depuis vos débuts ?
Mes modèles sont Linda Fargo et Simon Doohan qui font ce métier depuis plus longtemps que moi et restent les maîtres en la matière : j’essaie d’être à la hauteur. L’industrie a beaucoup changé et je me suis mise au numérique et aux nouveaux médias… J’adore ça et mon téléphone est ma fenêtre sur le monde.
Vos vitrines ont désormais leur livre, Louis Vuitton Windows publié par Assouline. Pourquoi les vitrines jouent-elles un rôle si important pour la marque ?
Elles mettent en avant un savoir-faire que Louis Vuitton prend très au sérieux. Nous adorons attirer l’attention des passants et leur offrir des histoires visuelles. Nous célébrons l’âme de notre marque… en vous faisant sourire.
Quels matériaux aimeriez-vous utiliser ou avec quelle marque adoreriez-vous collaborer ?
Je rêve de travailler avec la NASA.
Quelle est votre source principale d’inspiration ?
Est-ce que vous avez une formule magique de la vitrine idéale ?
Eh non, on ne suit aucune règle.
À une époque où les marques se battent pour attirer notre attention à toute heure de la journée, comment créer une expérience qui se démarque et qui marque les esprits ?
En ouvrant son cœur et en composant une histoire qui reflète l’identité de votre marque.
Comment savez-vous que vos vitrines ont séduit ?
Les traces de nez sur les vitres et Instagram.
Quels conseils donneriez-vous aux marques qui n’ont pas vraiment de budget pour leur vitrine ?
Suivez votre instinct, donnez du sens à votre vitrine, misez sur les vide-greniers… et n’oubliez pas de faire sourire les passants, ça marche plutôt bien.
Qu’est-ce qu’on ne verra jamais dans une vitrine Louis Vuitton ?
Le même projet répété.
Un article de luxe dont vous ne pourriez pas vous passer ?
Ma chienne, Stella