Il y a deux ans et demi, Romain Costa a posé ses valises et son regard bleu sur Paris. Après avoir vécu à Bruxelles, cet architecte, lillois d’origine, s’est installé dans la capitale où il vit et travaille entre la gare de Lyon et Ledru-Rollin. Épicurien et esthète, il découvre les nouvelles tendances mode et design rue du Faubourg Saint-Antoine et se régale dans les restos de la rue de Charenton…quand il n'est pas avec ses élégants amis du collectif Ringards, en train de shooter des looks ou coups de cœur architecturaux pour son blog ou bien en vadrouille avec son amoureux qui réside en Espagne. Celui qui a la bougeotte s’est posé un instant pour nous parler de ce qui lui plait, l’inspire et l’apaise dans la capitale et de ce qu’il changerait.
Qu’est-ce que vous aimez le plus à Paris ?
Son architecture et le fait qu’on ne s’y ennuie jamais car une grande place est accordée à la culture. C’est une ville-musée mais pas une carte postale. Elle est moins touristique que Barcelone par exemple. J’aime qu’elle soit traversée par la Seine. Cela apporte quelque chose de très mélioratif par rapport à Bruxelles ou Lille qui ne se sont pas développées autour de l’eau. C’est un élément naturel et apaisant qui sublime la ville et développe de l’activité autour de lui.
Et le moins ?
La pollution. Je sens tout de suite la différence quand je rentre d’Espagne car je ne me déplace qu’à vélo. Je ne trouve pas non plus Paris très chaleureux. Les gens sont pressés, les transports sont compliqués. Il y a une énergie énorme qui peut vite vous dévorer. Je me ressource en voyageant dans d’autres villes comme Lisbonne, Madrid et Milan, où l’imprévu a sa place. A Paris, j’ai l’impression que les choses sont plus cloisonnées. Par exemple, si je sors avec mes amis de la communauté LGBT, ce sera forcément dans une soirée LGBT.
Votre endroit préféré pour retrouver des amis ?
Je suis souvent au Progrès à Abbesses car on m’y donne toujours rendez-vous. Il y a aussi Capucine à côté de chez moi, rue du Faubourg Saint-Antoine. C’est tenu par des italiens et tout petit. Du coup on est très proche d'eux dans la salle. C'est juste à côté du East Mamma et j’aime l’idée d’avoir des petits restos italiens de quartier à côté d’une chaîne.
Quels sont les quartiers que vous trouvez prometteurs et dont le développement vous intéresse ?
J’aime beaucoup Pantin. Il y a une dynamique assez chouette depuis que l’agence BETC et de nouvelles entreprises s’y sont installées. Ca relance le commerce, ça gentrifie, ça donne envie d'habiter extra-muros et d’imaginer de nouveau projets sur les quais. Le 19e et ses canaux connaissent aussi un développement intéressant et la partie désaffectée de la Coulée Verte dans le 20e pourrait être exploitée.
Un quartier dont vous admirez l'architecture et pourquoi ?
Je ne pourrais pas vivre dans autre chose que de l’haussmannien, mais j’adore pouvoir changer de décor en quelques stations de métro et aller voir l’architecture contemporaine de La Défense et du 13e. J’aime beaucoup la BNF et aussi la Cité de la Mode et du Design. Même si esthétiquement cette peau verte n’est pas exactement ce qui me parle, ce n’est pas juste un habillage, mais une enveloppe avec de vraies fonctions. Elle englobe l’escalier qui dessert les différentes parties et elle crée des espaces de dialogue avec la ville : comme la grande coursive qui mène sur le toit et offre de nouvelles perspectives sur les quais.
Un bâtiment que vous n’aimez pas ?
La Fondation Louis Vuitton. Je trouve que l'intérieur et l'extérieur n'ont pas d'adéquation. Il n’y a pas de percée vers la ville, pas de jeux de lumières dans les salles d'expositions, c’est simplement bling-bling à l’extérieur. L’esthétique et l’égo de l’architecte passent avant la volonté d'intégration au quartier, et ça le fige. Il est maintenant impossible de construire à côté, à moins d’être encore plus imposant ou très discret.
Un endroit parisien qui fait du bien ?
La Coulée Verte permet de prendre de la hauteur et de ne pas être au même niveau que les voitures, donc de mieux voir l’architecture autour et de mieux respirer. J’aime aussi la Grande Mosquée de Paris et son atmosphère particulière, calme et dépaysante.
Vous êtes maire demain, comment améliorez-vous la ville ?
J'essaie de régler cette histoire de pollution. À l’école d’architecture, j’ai travaillé sur un projet déjà développé à Gand : de grands parkings qui permettent de laisser sa voiture à l’entrée des villes. En Belgique c'est beaucoup le cas, le centre de Bruxelles n'est pas carrossable. Je ne dis pas que c’est LA solution pour Paris mais nous avons définitivement trop ce réflexe de prendre la voiture ou le taxi, même pour des petits trajets que l’on pourrait faire à pied. Cela gâche pas mal de choses, on ne regarde pas ce qu'il se passe autour. C’est beaucoup moins propice à la découverte.
Paris en 3 mots ?
Ville-musée, authentique et romantique. Une ville-musée car il y a énormément de choses à voir. Authentique car s’y côtoient à la fois une architecture magnifique et de chouettes bricolages urbains. Romantique parce que c'est impossible de ne pas être encore plus amoureux de la personne avec laquelle on est quand on s’y promène. Les fontaines Wallace, les kiosques, les lampadaires Hittorff, les colonnes Morris, les stations de métro Art déco… Tous ces éléments donnent l'impression d'être dans un film romantique, mais sans les mauvais côtés.
Propos reccueillis par Normandie Wells