Le parfum à l’heure du digital avec The Alchemist Atelier
23 Jul 2019
La vente de parfum a toujours été l’un des points faibles du e-commerce. Pour changer la donne, Álvaro Suárez a ouvert son pop-up store à Paris, qui offre aux clients la possibilité de visualiser les senteurs grâce à des images, de concocter des parfums sur-mesure et même d’emporter des appareils de fabrication artisanaux chez eux. Nous avons rencontré cet expert de la tech quelques jours avant l’ouverture de sa boutique en ligne : il nous explique comment il a mis en place des algorithmes complexes pour présenter l’art de la parfumerie à travers une activation digitale.
Parlez-nous de votre parcours. En quoi votre carrière vous a mené à ce projet ?
Je travaillais dans l’industrie high tech pour BSH, avec des marques comme Bosch, Siemens ou Neff. À l’époque, le groupe a décidé d’ouvrir un nouveau département pour encourager l’innovation et proposer de nouvelles idées pour les différentes industries. Nous avons remarqué que l’industrie du parfum n’était pas orientée vers les consommateurs et qu’il était très difficile de vendre en ligne. Nous souhaitions mettre en place un environnement digital dans lequel les consommateurs pourraient trouver leur parfum idéal, en choisissant des ingrédients et en les sentant visuellement.
Comment fonctionne cette technologie ?
Notre algorithme fait correspondre chacun des 34 ingrédients du portfolio avec une image. La formule réorganise ces images en fonction de la combinaison choisie. L’algorithme est programmé de sorte que la taille des images représente l’intensité du parfum : par exemple, celle de la vanille sera plus grande si elle est combinée à la cardamome, et plus petite si elle est mixée à la framboise. Sur l’application, le collage évolue au fur et à mesure que l’utilisateur modifie le mélange.
Contrairement à un produit visuel, commercialiser un parfum peut s’avérer particulièrement difficile. Comment y avez-vous remédié ?
Ce « nouveau langage du parfum » se concentre sur les ingrédients. En donnant le contrôle au consommateur, nous souhaitons aussi mobiliser une communauté, pour que les senteurs puissent être partagées autour du monde grâce à notre application. Notre objectif est que les gens parlent du parfum en s’appuyant sur ces visualisations.
Pourquoi choisir Paris ?
Nous avons décidé d’installer notre société Noustique à Barcelone il y a un an et demi. Je m’intéressais alors aux différents marchés et j’ai découvert que la France était la capitale mondiale du parfum. Il était important de ne pas focaliser la vente sur un genre en particulier, et l’industrie du parfum espagnole disposait d’un marché féminin beaucoup plus développé, ce qui n’est pas le cas de la France. Les Français sont également beaucoup plus enclins à nous faire des retours.
Décrivez-nous votre atelier. En quoi est-il le reflet de votre marque ? Comment invite-t-il à l’interaction ?
Notre marque se concentre sur deux points : la qualité des matières premières et le fait de connecter les gens. L’espace ne ressemble pas à une parfumerie traditionnelle, mais davantage à un « centre d’expérience », imaginé par le studio Bestiario à Barcelone. Divisé en plusieurs sections, il permet au client de commencer avec « BASES » puis « ACCORDS », qui l’encouragent à découvrir les différentes senteurs. Nous organisons également des ateliers avec des parfumeurs, qui ont lieu trois fois par jour.
Pourquoi était-il important de lancer The Alchemist Atelier avec une boutique éphémère ?
Notre boutique en ligne va ouvrir dans les semaines à venir. En tant que concept disruptif, notre idée était d’utiliser ce pop-up pour booster nos ventes digitales. Ce point de contact physique nous permet d’expliquer les différentes facettes de notre concept en personne.
Quels enseignements espérez-vous en tirer ?
Des retours techniques sur notre application, le parcours de l’utilisateur… Nous voulons savoir comment les clients communiquent à propos du parfum et l’intègrent à l’univers digital. Nous ne sommes pas là pour pousser à la vente : au contraire, tout est centré sur l’expérience. Les personnes peuvent créer un parfum puis l’acheter, ou repartir avec un appareil qui leur permet de le fabriquer eux-mêmes (au prix de 599 euros, qui inclut 6 capsules de parfums, bouteilles, un « kit de découverte » et des échantillons).
Quels sont vos projets à venir, en boutique et ailleurs ?
Le lancement en ligne a lieu la semaine prochaine : une fois que tout sera stabilisé, nous devrons analyser la boutique physique et son impact. Sans oublier notre expansion, qui pourra se traduire par des partenariats avec des grandes marques. Cette année sera celle de l’apprentissage !