Comment Amélie Pichard crée des accessoires fous devenus indispensables
6 Feb 2018
Audacieuse, sensuelle, farfelue, dingue de Claude François et de grosses poitrines… Amélie Pichard, c’est un peu l’anti Amélie Poulain. Elle a mis le monde à ses pieds, et ses accessoires aux pieds et aux bras du beau monde. Même Beyoncé a adopté ses pépites excentriques ! Pour comprendre comment cet ovni s’est retrouvé sous les spotlights, nous lui avons demandé de nous raconter ses vies...
Elle joue avec le temps et crée les accessoires d’hier et d’aujourd’hui
Amélie Pichard a eu plusieurs vies. D’ado tomboy à Chartres, elle est devenue styliste de prêt-à-porter de luxe à Paris pour la marque Dice Kayek, après ses études à l’école Mod’Art. Chargée de concevoir des souliers pour un défilé, elle rencontre Madame Germaine - dernière femme à fabriquer des chaussures à Paris. Elle tombe instantanément amoureuse de ce métier artisanal et viril où « 99% des monteurs sont des hommes. Les femmes sont au piquage. »
En 2009, son côté féminin l’emporte lorsque sa collection glamour sur le thème de l’Amérique des années 50 gagne le concours Bata. En 2010, elle fonde la maison qui porte son nom et dont l’univers fantasque mélange différentes références kitsch, sensuelles et temporelles.
Et si elle devait choisir une seule période ? « Les années 70 ! Je suis nostalgique d’une époque que je n’ai pas connu, pleine de liberté, d’insouciance et de l'impression que tout était possible. Notre époque est si terre-à-terre et difficile. Alors, le virtuel prend le relai, c’est pour ça qu'il est si fort. »
Mais ça n’empêche pas Amélie de rêver et de réaliser ses rêves...
Elle multiplie les collections et collaborations inattendues
L’un des rêves d’Amélie Pichard était de rencontrer Pamela Anderson, à laquelle elle voue un véritable culte depuis qu’elle est petite et dont elle admire les formes plantureuses. « Je suis fascinée par les femmes que je ne suis pas. Plutôt que de les détester ou de les jalouser, je préfère travailler avec leur image. »
Après avoir créé un modèle Pamela et la collection The Hitchhiker, inspirée de la bimbo d’Alerte à Malibu, cette dernière lui propose en 2014 de lancer ensemble une ligne de chaussures véganes. Le buzz est immédiat, comme souvent avec les collabs improbables, d’autant qu’elle est photographiée par David Lachapelle.
Dans un registre totalement différent, Amélie n’hésite pas à rendre ses modèles accessibles à toutes en collaborant avec La Redoute en février 2017, avant de revenir au printemps à ses héroïnes chéries : celles de Twin Peaks. Le retour de la mystérieuse série de David Lynch lui inspire une collection sulfureuse.
Dans le même temps, c’est à l’architecte d’intérieur Marion Duclos Mailaender qu’elle s’associe pour sa première boutique Chez Pichard, ouverte en juillet rue de Lappe, près de Bastille. « J’avais un doc d’inspiration hyper chargé. Marion est venue épurer le tout, en y mettant son sens de l'humour à elle et sa simplicité brute. »
Elle amuse et surprend toujours
C’est justement ça qui séduit beaucoup chez Amélie : son univers drôle et naïf et un penchant assumé pour un certain mauvais goût. « On devient tous ringard à un moment donné, c’est le cycle de la mode et du style. Il ne me fait pas peur, il m'amuse. »
Au moment où les logos et autres kitcheries font leur grand comeback fashion, Amélie bat des records de ringardise et de popularité en organisant une sorte de kermesse à la bière et au saucisson, dans les bars entourant sa nouvelle boutique. Un lancement à la bonne franquette, étonnant pour l’une des marques les plus branchées du moment.
L’une des forces de la marque Amélie Pichard c’est de multiplier les références aux petits plaisirs coupables des générations X et Y, afin de les mettre à l’aise. Le design de sa boutique - sorte de boudoir rétro, décoré d'un lit et d'un coussin Claude François - invite à se sentir chez soi.
Même chose sur son site où l’on trouve des vidéos de feu de bois et de paresseuses en peignoirs, à côté de ses créations nostalgiques et cosy : des paniers chics qui donnent envie de faire un pique-nique, des chaussures en fourrure et des mules dans lesquelles on glisserait bien son pied, même pour rester à la maison.
Comment la marque va-t-elle évoluer ?
La créatrice travaille actuellement à des modèles plus sages, quotidiens et intemporels et n’a probablement pas définitivement tourner le dos au prêt-à-porter... « J'ai une envie beaucoup plus globale pour la marque. Il faut juste que je trouve le bon partenaire pour m'aider à avoir la vie de création que je recherche et ne plus être une girlboss à 99% de mon temps. » Partenaire particulière cherche partenaire particulier, à bon entendeur…
Par Normandie Wells